Gouvernance Régionale des Aires Protégées en Afrique de l’ouest.

1. CONTEXTE

Le programme PAPBio, dans lequel s’inscrit l’action décrite dans ce formulaire de demande de subvention, a pour objectif global de promouvoir un développement économique endogène, durable et inclusif, répondant aux défis du changement climatique. De façon spécifique, le programme devra permettre d’atteindre une protection intégrée de la biodiversité et des écosystèmes fragiles et une résilience renforcée aux changements climatiques à travers une meilleure gouvernance régionale des aires protégées transfrontalières et de la biodiversité.

A cette fin, une subvention a été octroyée à l’UICN pour une action de « Gestion de la coordination régionale » (Composante 2 - Gouvernance Régionale). Cette subvention a pour but la promotion de mécanismes régionaux de gouvernance des écosystèmes naturels et des paysages, la gestion des aires protégées, la promotion des politiques régionales de conservation et développement durable et la gestion de la convention de financement PAPBio. Cette dynamique régionale permettra à différents acteurs (organismes régionaux, administrations nationales chargées des aires protégées, communautés riveraines dépendant des ressources naturelles, organisations locales et société civile) d’améliorer l’efficacité de gestion des écosystèmes et aires protégées transfrontaliers, partager leurs expériences et connaissances et promouvoir les bonnes pratiques. Par ailleurs, elle bénéficiera aux populations à travers l’accélération de la mise en place de mesures d’adaptation aux changements climatiques ainsi que dans la lutte contre la criminalité environnementale qui dégrade les écosystèmes, affaiblit la gouvernance et génère l’insécurité.

L’action proposée est en cohérence avec les priorités identifiées dans le document d’action pour la Protection de l’Environnement, de la biodiversité, la lutte contre les changements climatiques en Afrique de l’Ouest du Programme Indicatif Régional du 11ème Fonds Européen de Développement, répondant au domaine de résultat 3, objectif 3.2 du PIR. L’action s’inscrit dans les politiques et stratégies environnementales de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ainsi que dans le cadre stratégique de l’UE en contribuant aux objectifs spécifiques du Domaine thématique « Environnement et Changement Climatique » du Programme « Biens Publics Mondiaux et Défis ». L’action s’inscrit également dans l’Agenda 2030 en contribuant aux Objectifs de Développement Durable (ODD) 13, 14 et 15, ainsi qu’aux Objectifs d’Aichi de la Convention sur la Diversité Biologique, et dans l’atteinte des buts stratégiques et opérationnels du 4ième plan stratégique 2016-2024 de la Convention de RAMSAR. Elle contribue également aux autres ODD et cibles qui concernent les liens entre les sociétés humaines, la santé des écosystèmes et leur durabilité. L’action aborde aussi les priorités de la stratégie de conservation de l’Union Européenne « Au-delà des Eléphants », en particulier, les zones clefs pour la conservation WAF01 à 7 ; WAF 12 à 17 ; WAF 20. L’action s’inscrit par ailleurs dans et contribue directement au programme quadriennal 2017-2020 de l’UICN, en particulier le domaine 1 « Valoriser et conserver la nature » et le domaine 2 « Promouvoir et soutenir une gouvernance efficace et équitable des ressources naturelles ». Cette action sera mise en œuvre dans le respect de l’équité genre promue par l’UE et l’UICN dans leurs politiques respectives liées au genre.

2. DESCRIPTION GÉNÉRALE DE L’APPROCHE

Le projet proposé met à l’échelle, au niveau régional, l’action continue de l’Union Européenne, de l’UEMOA et de l’UICN dans la zone W puis WAP avec les projets ECOPAS (9ème FED, ACP, 2001-2005), W-UNOPS et PAPE (10ème FED, PIR, 2011 – 2012). L’intervention générique du projet portera ainsi sur la facilitation de la mise en œuvre et le suivi des politiques intersectorielles de l’UEMOA et de la CEDEAO, notamment les politiques de l’environnement et des ressources en eau. Cette démarche permettra de renforcer les bases et impulser et pérenniser la coopération entre les pays en matière de gestion des espaces transfrontaliers pour assurer la continuité et durabilité des mécanismes de gouvernance régionale.

L’approche pour mettre en œuvre une gouvernance régionale passe par un processus participatif multi-acteur, qui est garant de la légitimité et de l’adoption effective des acquis du projet dans les stratégies et politiques nationales. Ce projet de gouvernance nécessite donc une forte mobilisation des acteurs à travers des rencontres physiques et des réunions techniques et thématiques nécessaire pour impliquer les représentants des Etats et les ministères, pour rendre légitimes et durables les initiatives et pour assurer l’adoption des études pilotes et l’appropriation nationale. Les actions présentées dans ce document seront mises en œuvre par l’UICN et elles débouchent d’un processus collaboratif qui s’étend sur plusieurs décennies.

Dans cette perspective, l’action interviendra à différents niveaux pour assurer que l’ensemble des problématiques liées à la gouvernance régionale soient abordées de façon intégrée et à différentes échelles :

Au niveau régional : Les études menées à travers des programmes précédents, tels que BIOPAMA ou le Programme d’Appui aux Parcs de l’Entente (PAPE), ont montré que les outils juridiques et techniques, ainsi que les capacités institutionnelles, financières et opérationnelles dans l’espace CEDEAO, ont besoin d’être mises à jour et renforcées pour permettre la gestion durable et efficace des paysages transfrontaliers d’importance. Ainsi donc, l’action va (i) soutenir les institutions d’intégration régionale (UEMOA et CEDEAO) et les gestionnaires des aires protégées dans le renforcement des dispositifs opérationnels pour améliorer l’efficacité de gestion et optimiser la gouvernance des écosystèmes et paysages naturels et des aires protégées transfrontalières ; (ii) renforcer les cadres et mécanismes institutionnels opérationnels de production et d’échange d’informations sur la conservation de la biodiversité, des mécanismes de coordination, concertation et d’action harmonisée et conjointe ; (iii) appuyer la mise en œuvre du Plan de Convergence sur les Forêts d’Afrique de l’Ouest en synergie avec le PAPFor ; (iv) appuyer l’opérationnalisation du mécanisme régional de concertation sur la gestion intégrée des écosystèmes (MRC-GIE) en Afrique de l’Ouest ; (v) renforcer le cadre régional de valorisation durable du capital naturel; (vi) appuyer l’opérationnalisation de l’Observatoire Régional des aires protégées en synergie avec BIOPAMA et en s’appuyant sur les systèmes régionaux d’information existants et vii) assurer le suivi et la coordination des actions et contrats de la convention de financement PAPBio. Cela contribuera à l’harmonisation des cadres institutionnels et réglementaires et des outils juridiques et politiques de gestion des aires protégées (AP).

Au niveau des paysages transfrontaliers : L’action va promouvoir les "approches paysages" dans la planification et la gestion des écosystèmes et Aires protégées transfrontaliers, cela en vue de renforcer et optimiser la coordination transfrontalière, assurer une gestion davantage intégrée pour mieux résoudre les conflits et gérer la compétition. Ainsi donc elle va (i) développer et déployer, en synergie avec l’Observatoire Régional des Aires Protégées établi dans le cadre de BIOPAMA, des outils de suivi de l’efficacité de gestion ; (ii) améliorer le développement des compétences et la gestion des ressources humaines en matière de conservation et gestion transfrontalière; (iii) contribuer à prévenir l’extinction des espèces les plus menacées ; (iv) contribuer à la valorisation du capital naturel ; (v) et enfin contribuer à la lutte contre la criminalité environnementale. Le déploiement de ces outils de suivi de l’efficacité de gestion permettra ainsi de rendre disponibles et accessibles les données et informations sur la biodiversité pour appuyer la prise de décision et évaluer les progrès dans l’atteinte des objectifs de conservation et gestion des Aires protégées. Les administrations en charge des aires protégées verront également leurs capacités renforcées dans la perspective d’améliorer leurs rôles dans la gestion des paysages transfrontaliers.

3. RÉSULTATS

La numérotation des résultats est reprise comme dans la CF PAPBio (4 à 7).

Résultat 4 : L'Afrique de l'Ouest dispose d'un système de gestion opérationnel et efficace des aires protégées et de leurs zones périphériques.
L’action proposée va aboutir à la mise en place et opérationnalisation d’un dispositif régional de coordination et gestion en réseau des aires protégées et de leurs zones périphériques en Afrique de l’Ouest.
Le système envisagé comprendra :

  • une structure en charge de mettre en cohérence et opérationnaliser un cadre régional de fonctionnement en réseau des aires protégées;
  • un RAMPAO renforcé et plus efficace comme mécanisme régional de conservation marine et côtière, soutenu par un dialogue de politique et multi-acteur spécifiquement dédié à la promotion des AMPs ;
  • un système d’information qui permet la collecte, traitement/analyse, stockage, rapportage et communication, et suivi de l’état de l’environnement et du changement climatique ;
  • un mécanisme de coordination et de suivi de l’intégration de la biodiversité et des aires protégées dans les politiques et/ou stratégies sectorielles régionales ;
  • une capacité régionale en matière de comptabilité écosystémique du capital naturel pour fournir à la région une base de connaissance actualisée sur la qualité des écosystèmes et aires protégées transfrontaliers et sur le potentiel et la valeur de leurs services multiples pour l’environnement et la société ; et
  • la mise à disposition d’un système de rapportage harmonisé au bénéfice de toutes les aires protégées de la région. L’action travaillera à connecter les éléments de ce système pour qu’il fournisse les données et informations pour la prise de décision concernant la gestion des aires protégées et de leurs zones périphériques.

Résultat 5 : Les expériences, connaissances et compétences sont échangées et capitalisées au niveau territorial, national et régional.
D’une part, l’action proposée va aboutir (i) à la mise en place d’un hub virtuel qui sera un espace de collaboration et d’échanges virtuels entre les acteurs de la conservation et de la gestion des aires protégées (politiques, experts et professionnels, acteurs locaux, communautés et autres acteurs de la société civile), de valorisation des pratiques, des expériences ; ii) à l’émergence d’une communauté de pratique sur la conservation et la gestion des aires protégées qui sera composée des acteurs clés (politiques, experts et professionnels, acteurs locaux, communautés et autres acteurs de la société civile) qui se rencontreront virtuellement à travers le hub et physiquement à travers des réunions et visites d’échanges

D’autre part, l’action proposée va aboutir à la mise en place de : i) un curriculum et des dispositifs de formation harmonisés pour les écogardes ; ii) un cursus régional de formation, soutenu par un système de bourses d’études pour les cadres, et iii) un système d’accréditation et de certification sanctionnant les formations des cadres et professionnels d’aires protégées.

Résultat 6 : La coopération en matière de lutte contre la criminalité environnementale est renforcée et la sécurité des zones de conservation est améliorée.
D’une part, l’action va aboutir à la mise en place d’un cadre régional de coopération en matière de lutte contre la criminalité environnementale dont les éléments essentiels sont : (i) une base de données ; (ii) des rapports périodiques permettant une meilleure caractérisation de la criminalité environnementale ; et (iii) des unités de la chaine de contrôle et de surveillance renforcées en matière de lutte contre la criminalité environnementale.

D’autre part l’action aboutira à la formulation et validation multi acteurs de propositions d’harmonisation et de renforcement des cadres juridiques de la lutte contre la criminalité environnementale transfrontalière.

Enfin, l’action aboutira à la mise en place d’une capacité régionale d’accueil, de translocation et conservation ex situ des espèces en danger critique d’extinction et issues des saisies de la lutte contre la criminalité environnementale.

Résultat 7 : Suivi du programme PAPBio
Afin d’assurer le suivi des actions de la convention de financement PAPBio, le projet mettra en place et appuiera l’opérationnalisation d’un système de suivi harmonisé à travers un cadre de résultats commun qui sera adapté aux différents contextes locaux. Les éléments du système de suivi et évaluation comprendront : un cadre commun de résultats ; des critères pour mesurer les progrès, résultats et impacts ; des instruments principaux de diagnostic et d'évaluation ; des outils et méthodes sélectionnés et organisés pour l’opérationnalisation du système et un plan de suivi ; et un système de collecte et mise à disposition de l’information de suivi des projets du PAPBio par les agences impliquées dans la mise en œuvre.

4. SITES D’INTERVENTION

L’action décrite se déroule dans les 15 pays de la zone CEDEAO en particulier dans les paysages ciblés par la composante 1 de PAPBio. Ces paysages sont : Le Complexe du W-Arly-Pendjari (WAP) au Bénin, Niger et Burkina Faso, la zone Air et Ténéré au Niger, le paysage de la réserve du Gourma Eléphants au Mali et au Burkina Faso, les zones côtières du Sénégal jusqu'au Bénin. Néanmoins, les effets du projet s’exerceront en particulier sur les administrations de l’UEMOA à Ouagadougou au Burkina Faso et de la CEDEAO à Abuja au Nigeria.

En plus des sites faisant l’objet des investissements de la Composante 1, le projet interviendra dans des sites spécifiques pour la mise en œuvre d’actions pilotes dans le cadre d’une étude sur la comptabilité des services écosystémiques (CECN) (Chef de file : VITO) dans les complexes d’aires protégées transfrontières et des paysages socio-écologiques périphériques du WAPO (Parc du W, Arly, Pendjari, Oti) et du Complexe Niokolo-Koba – Foutah-Djallon.

Dans un souci de coordination régionale, des institutions en charge des aires protégées, les sites concernés par le PAPFor (autre convention de financement prévue sous PIR environnement 11ième FED) pourront être impliqués dans les échanges